F·R·O·G·S - Hugo

Par Polomino, le 01.07.2019

Pour les intéressés, l'interview complète et sans filtres est disponible à ce lien.

Who's that Pokemon ?

   

Voici les points qui caractérisent en premier lieu Hugo :

Fondateur de la FroggedTV,

Destructeur d'équipe française,

Prince d'honneur de la moustache,

Papa d'un DOGE. (Juna)

Que vous le connaissiez par son parcours dans les différentes équipes compétitives françaises ou en tant que caster et membre de la FroggedTV, il est en fait difficile de faire partie de la communauté FR de Dota2 sans connaître Hugo.

Le maître de la moustache est un pilier incontournable de la scène française, et ça depuis maintenant déjà plusieurs années. Il s'est essayé à quasiment tous les rôles : mid, support, capitaine, startupeur, caster, host, analyste,...

Il est également l'homme derrière la série bien connue des débutants : Dota pour les NULs+CONs. Beaucoup d'investissements et de temps passé à oeuvrer d'une façon ou d'une autre pour participer à l'essort de la communauté française, à l'éducation des nouveaux venus ou à essayer de pousser la scène compétitive plus haut. 

À travers Dota2, Hugo s'est développé en tant que personne et qu'être humain. Que ce soit par la rédaction d'articles, la réalisation de vidéos ou d'interviews, l'organisation des leagues et événements français, le cast ou ses projets compétitifs, il n'a eu de cesse d'essayer d'avancer à travers Dota2 et son écosystème. 

On peut résumer Hugo plutôt simplement : "Meilleure moustache du monde ainsi que meilleur joueur du monde à la retraite."

 

"J'étais profondémment dépressif quand je me suis lancé à fond dans Dota1 à l'époque. Au début, c'était clairement juste une échappatoire pour oublier la réalité. Mais la beauté de cette aventure, c'est qu'elle m'a permis de me développer en tant qu'être humain : apprendre à gérer des émotions, réapprendre à faire des choses, continuer à avoir des rapports humains. C'est dur de faire un avant/après à froid, mais Dota m'a aidé à devenir la personne que je voulais être."

 

 

Si on devait résumer le parcours compétitif de Hugo, on ne pourrait pas ne pas citer deux principales équipes : d'abord Baguette, en compagnie notamment de v0ja puis plus tard Zero Respect avec Joraal, CrioJ, Wizk et Ph0eNiiX, le capitaine d'origine de la Line Up.  Pour ce qui est de Baguette, qu'il a rejoint courant 2012 pour y rester plus d'un an, l'équipe a notamment participé à plusieurs tournois internationnaux. On pense surtout à The Defense Season 3 qui regroupait les beaux noms du Dota de l'époque : Natus Vincere, No Tidehunter (devenus plus tard Alliance), Mousesports, Empire, Team Liquid, Fnatic et bien d'autres. L'équipe, entièrement francophone, emmenée par v0ja est encore considérée comme l'une des plus compétitives jamais mise en place en France.

Courant 2013, Hugo quitte l'équipe qui deviendra bientôt Sigma.fr, un tag qui fait encore rêver ceux qui ont été témoins des résultats de la version internationnale, Sigma.Int avec 7ckngMad et Sockshka. Le prince de la moustache lui a fondé dans le même temps une nouvelle équipe qui fera rêver la communauté française : Zero Respect, avec Ph0eNiiX cette fois en tant que capitaine. 

 

"Mes meilleurs souvenirs compétitifs sont clairement les plus anciens, avec ma découverte du haut niveau chez Baguette puis la première itération de Zero Respect. On avait une très belle scène française à l'époque avec 3 à 4 équipes qui jouaient régulièrement au niveau européen. J'ai rencontré des personnes formidables que je cotoie toujours aujourd'hui et pour qui j'ai beaucoup de respect. C'est une expérience qui n'a pas de prix pour moi."

 

La première itération de ZR était donc en place, et a participé notamment à l'ESWC 2013, qui regroupait encore une fois des noms biens connus de l'époque (Evil Geniuses avec Universe, Sigma.Int avec Fata, 7ckngMad et Sockshka, Empire avec ALWAYSWANNAFLY). Zero Respect fini par s'incliner dans l'arbre final face à une équipe Suédoise, 4 Friends + Chrillee. Il s'en suit notamment un tournant pour la Line Up avec le départ pour Sigma de Ph0eNiiX, qui faisait office de papa et de Capitaine de l'équipe. Hugo accepte donc de passer du mid à la position 5, en reprennant le capitanat.

L'équipe continue de jouer sur des stratégies très rapides, qui visent l'agression et l'occupation de la carte, avec la touche de Ph0eNiiX (les strats à combos dits "débiles") en moins. Funzii rejoint donc l'équipe en tant que mid laner et la période qui s'en suit est relativement en demi-teinte pour l'équipe. Des bons résultats, certes, mais des difficultés à atteindre le plein potentiel de la Line Up qui laisse un goût d'inachevé.

 

"Cette période a été assez décevante puisque, même si on faisait de bons résultats, je sentais qu'on pouvait faire beaucoup mieux. C'était dur de motiver tout le monde. Ca reste une déception personnelle de ne pas avoir réussi à atteindre notre potentiel. L'équipe s'est dissoute quelques mois plus tard pour la création de Denial, et j'ai arrêté de jouer en compétitif."

 

Zero Respect est néanmoins revenue une dernière fois, pour une période plus longue. Un reformation autour de joueurs d'une nouvelle génération pleine de promesses, avec notamment RvP et Cry en plus de Joraal, déjà présent dans la première Line Up. Néanmoins, entre temps, le niveau de la scène internationnale était monté en flèche et atteindre des performances correctes était devenu beaucoup plus complexe. La scène française était devenue, entre temps, presque inexistante à haut niveau et la différence se faisait sentir. Entre la fin du site Dota2.fr et de l'ESWC entre 2013 et 2014, il y a eu un vrai trou entre les différentes générations de joueurs. La période de break a mis à mal la plupart des français, maintenant incapable de rivaliser avec les meilleurs joueurs européens sur la scène compétitive.
 

"J'ai eu l'occasion de voir beaucoup d'équipes évoluer, et les erreurs que je vois le plus souvent sont :  Essayer d'analyser tout ce qui ne se passe pas bien et en tirer des conclusions, généralement c'est du temps perdu ou un moyen d'exprimer sa frustration. S'arrêter après un échec en pensant qu'on n'y arrivera jamais, Dota c'est avant tout construire des automatismes. Copier les autres ou donner trop d'importance à la stratégie,  les mécaniques sont très importantes dans Dota."

 

Précédemment, la scène française était très riche : Socks, Funzii et 7ckngMad peuplaient la scène internationale tandis que des équipes comme aAa, Baguette, Zero Respect et parfois Fureur faisaient des apparitions récurentes en tournois.  Rajoutez à cela des bonnes équipes sur la scène nationale comme les tags mythiques de CyA et de l'ASR, on tient là un environnement rempli de très bon joueurs et très motivant. Tous ces joueurs ont arrêté d'apparaître sur la scène compétitive dans la même période, et il semblerait que la relève ne fait que pointer le bout de son nez.

Des joueurs comme RvP ou Cry sont notamment arrivés durant le passage de relai, pour continuer de faire vivre tant bien que mal la scène. Il manque néanmoins une nouvelle source de motivation pour la nouvelle génération pour se lancer et redorer le blason du Dota français, avec des équipes durables et performantes en Europe. Il leur faudra également savoir éviter les erreurs de leurs prédécesseurs pour pouvoir réussir dans un environnement encore plus relevé et compétitif qu'il y a quelques années.

 

"Les internationaux ne nous ont pas attendu pour continuer à progresser. Aujourd'hui, on a de nouveau pas mal de bons joueurs FR, assez pour faire 2 à 3 équipes d'un bon niveau. Il manque probablement une carotte pour motiver les joueurs à former des équipes durables."

 

 

Les petits nouveaux du Dota français sont néanmoins en train de pointer le bout de leurs nez. Des noms commencent à se faire connaître de plus en plus, ceux des joueurs qui montent dans le ladder Immortal comme Cry, Zeppelin ou plus récemment Dayshi. Il est de plus en plus normal pour un joueur français avec un peu d'ambition d'accèder au niveau Immortal. Toujours plus de joueurs d'un bon niveau qui se frottent aux meilleurs européens au quotidien, c'est encourageant pour la suite à n'en pas doûter. Il semble qu'il y ait, sur la scène française, de plus en plus de joueur qui pourrait prétendre à former des équipes durables, comme le dit Hugo.

La maturité des joueurs n'est plus vraiment en question, comme elle a pu l'être précedemment. Le manque de joueurs disponibles et assez bons a longtemps posé problème et a freiné le développement de nouveaux projets. Plusieurs ont acquéris une assez mauvaise réputation, parfois méritée. Il faut dire que la scène française n'était pas forcément propice à encourager un comportement très sérieux dernièrement, du moins c'est le ressenti de certains joueurs du Top français. Les meilleurs sont plus reconnus pour avoir atteint un rang plus élevé (le Top 500 et au-dessus) que pour avoir remporté toutes les leagues françaises ou plusieurs tournois. 

 

"Est-ce que c'est un Cry qui va monter sa team, un Zeppelin qui va se responsabiliser, un Darka qui va faire son retour en messie repenti, ou un des petits nouveaux qui a atteint le top 1000 récemment, ce qui est important c'est qu'ils soient suffisamment nombreux pour y aller ensemble. Donne à ces joueurs une raison de jouer ensemble, une compétition qui les attirera plus que le MMR et là ils feront preuve de maturité et de motivation."

 

La nouvelle génération ne peut en effet pas compter sur les mêmes outils que ses prédécesseurs pour se développer. Le ladder français, qui était l'une des sources de motivation principale des jeunes années de la scène, a été remplacé par le Dazzar et plus récemment la FroggedTV League, qui ne remplissent pas le même rôle pour les joueurs ambitieux. Le format se fait plus familial et communautaire, ce qui convient tout à fait à des équipes amateurs et beaucoup moins à des joueurs qui voudraient devenir semi-professionels. Les équipes composées de joueurs du top Immortal remportent encore assez facilement ces compétitions, sans vraiment devoir forcer les entraînements. Il n'y a que très peu de façons de stimuler le Top français à l'heure actuelle, ce qui gêne le développement d'équipes. A noter néanmoins une initiative récente de L1nk, visant à faire vivre la communauté des top MMR français à travers l'organisation de Lobby de manière régulière.

 

"Comment est-ce qu'on arrivera (nous ou quelqu'un d'autre) à la faire redémarrer (la scène française) ? Aucune idée. Ca pourrait être via un circuit en LAN qui incluerait Dota, ça pourrait être un retour d'un ladder du type Dazzar qui fonctionne bien, ça pourrait être une league FR avec du cashprize, ou peut-être une combinaison des 3."

 

Selon Hugo, si une équipe venait à se former avec pour volonté de perdurer, il faudrait savoir accepter les obstacles et les difficultés avant tout. Il est primordial d'être capable de prendre du plaisir à partager ces épreuves avec les autres membres de son équipe. Il fut un temps où l'on pensait généralement que, pour une équipe, l'entraînement était la principale voie de progression. Il semblerait que la solution soit un mélange bien dosé de matchmaking en solitaire (pour arriver à une maîtrise suffisante voire très bonne de ses héros) et d'entraînement en équipe (pour parfaire la synergie et les mécanismes).

Le Matchmaking en solo a beaucoup évolué ces dernières années et les notions de counter pick et de méta sont devenues prépondérantes. La plupart des équipes professionelles organisent leurs entraînements majoritairement sur ce mode de jeu, et de plus en plus. Le niveau étant de plus en plus élevé il est également important de savoir s'adapter au mieux à 4 coéquipiers dont on ne connaît presque rien. Cela implique la mise en place de combos ou l'entente, tout simplement, avec les membres de son équipe. Ce pannel de compétences peut ensuite être exploité au mieux, lors des sessions en équipe, pour trouver les stratégies qui conviennent le mieux et sur lesquelles l'équipe est la plus à l'aise quelques semaines avant un tournoi.

 

"[A propos de FaF] J'ai suivi l'affaire de loin mais j'ai l'impression que la Line Up s'est arrêtée beaucoup trop vite. Il y avait peut-être des conflits en interne ou d'autres raisons de ne pas continuer, mais l'équipe a dû durer à peine deux mois je crois ? Globalement, je ne suis pas fan de construire une Line Up de manière non-organique et d'autant la mettre en avant niveau communication avant qu'elle ait trouvé son alchimie. Je ne pense pas qu'il faille s'attarder sur ce cas. 99% des équipes failent au bout de quelques semaines/mois, ça n'a pas fit côté humain et ça arrive."

 

Dans un contexte moins professionel, la FroggedTV League qui vient de terminer sa troisième édition récemment pourrait aussi jouer un rôle. La compétition a permis de nouvelles recontres et la création de nouveaux groupes de joueurs, à tous les niveaux. La communauté se regroupe toujours plus autour de ces évènements, et ça ne peut que faire du bien à la scène compétitive en général. Le niveau amateur peut ainsi se développer dans un environnement sain et faire grandir les générations futures.

Le gros problème actuellement reste le manque d'une Division 1 vraiment relevée, avec des équipes qui seraient capables de se pousser au challenge les unes et les autres, et de perdurer sur plusieurs saisons. Il reste difficile de remplir tout les rôles avec un seul évènement, surtout pour les admins de la League qui passent déjà beaucoup de temps à mettre en place la compétition. 

 

"On verra quelle forme elle (la FroggedTV League) prendra dans le futur, et si c'est elle qui arrivera à carry le Dota compétitif français. Ou si c'est un organisme tier qui s'en chargera (ce qui me plairait plus, je pense) comme l'ESWC par le passé, la FDJ plus récemment ou pourquoi pas l'ESL et de nouveaux acteurs."

 

 

Récemment, le nombre de tournois qui font partie intégrante du circuit profesionnel de Dota2 a été réduit à 5 Majors et 5 Minors. Selon Hugo, ça serait approximativement le nombre idéal de compétitions pour pouvoir garder un intérêt pour les spectateurs assidus, sans les étouffer. L'année précédente, le rythme très soutenu des tournois du DPC avait quelque peu asphyxié la majorité de l'audience : trop de tournois, pas assez de temps pour souffler.

Les joueurs eux-mêmes étaient pénalisés, et presque de la même façon. Avec 5 cycles de compétitions sur l'année en plus de The International, chaque tournoi correspond à un patch en particulier et peut être préparé de manière adéquate. Le rythme n'a imposé que de rares désistements parmi les équipes que l'on attendait en haut du classement, contrairement à la saison 2017-2018 durant laquelle il était courant de les voir se retirer de certaines compétitions pour en privilégier d'autres. 

Les Majors gardent toujours un intérêt tout particulier, autant le premier que le dernier. Deux bonnes performances suffisent généralement pour se qualifier à TI, d'après le Prince de la Moustache, qui cite notamment Fnatic et Keen Gaming. Pour lui, le système à beaucoup gagné au change entre les deux saisons, et ce sur la plupart des aspects. 

 

"Ce major [l'Epicenter] n'est pas plus important que les autres pour OG, c'est juste qu'ils n'ont toujours pas réussi à se qualifier à TI avant celui-ci. Si tu reviens en arrière, les derniers gros tournois avant TI ont toujours étés les meilleurs pour chopper des invitations. Overall, le système n'est pas parfait mais il est beaucoup moins partial qu'avant, et c'est une très bonne chose." 

 

Reste un problème aux yeux de beaucoup : le système des Minors. Ces tournois regroupent souvent les mêmes équipes, ou carrément des équipes très éphémères. Les tournois en eux-mêmes n'ont que peu d'intérêt si l'on considère que le Major associé arrive quelques jours plus tard. De plus, les timings pour les qualifiers sont souvent très serrés, directement après le Major précédent.

Si l'on ajoute à ça les qualifiers du Minor en cas d'échec, le Minor lui même pour arriver finalement au Major, c'est un véritable parcours du combattant pour les équipes. Le point souligné est généralement le manque d'intérêt des qualifiers des Minors d'ailleurs, lorsque généralement ceux qui les remportent sont les équipes qui ont échoué aux pieds du podium des qualifications précédentes pour le Major.

 

"J'ai trouvé le système de Minors assez bancal. L'idée est bonne mais on a souvent retrouvé les mêmes équipes et les tournois n'étaient globalement pas hyper attrayants à suivre. La répartition des points m'a paru intelligente. J'ai vu des critiques sur les cashprizes des Minors, mais ça ne me choque pas : la vraie carotte étant TI et le giga pactole. Donner de l'argent au tier 2 via les Minors est OK pour moi."

 

Il y également eu des changements au niveau des règles du DPC cette année. Les périodes de Roster Lock notamment qui ont été supprimées, puis le fonctionnement des pénalités suites à des reshuffles modifié et tout doucement l'arrivée de jurisprudences au niveau du comportement des joueurs. Par accoups, Valve semble consolider le système du DPC pour le rendre plus viable en bâtissant sur les erreurs qui font polémique en cours de route. Les incidents autour de MindControl, puis de Kuku et plus récemment de Ceb forcent petit à petit l'éditeur du jeu à se faire un avis sur le comportement des joueurs professionels qui peuplent le circuit et à l'image qu'ils renvoient.

Le problème est néanmoins très complexe puisque Valve reste une société de développement, ce qui est bien loin d'un tribunal de grande instance ou d'une société capable d'accomplir ce genre de choses. Mais, comme on a vu apparaître des modifications sur les changements de roster l'année passée, il n'est pas impossible que la prochaine action de Valve pour parfaire le système réside dans une charte de bonne conduite ou un équivalent, pour pouvoir participer aux tournois du DPC.

 

"Les saisons précédentes étaient celles des invitations partiales à TI. Ils ont réagi cette année avec le système DPC. Cette année aura été la saison des règles complètement partiales, j'espère qu'ils vont réagir avec des règles intelligentes. C'est un des problèmes de Valve, ils veulent tout faire eux-même sauf qu'il y a des trucs pour lesquels soit ça les fait chier, soit ce n'est pas leur job."

 

L'objectif du système du DPC reste seul et unique : s'assurer que The International soit et reste le tournoi le plus impressionant du paysage esportif chaque année. Contrairement à d'autres éditeurs comme Riot, Valve mise tout sur son joyau, le seul tournoi qui peut faire autant rêver par son cashprize et son atmosphère. Le tournoi n'a jamais été remporté deux fois par la même équipe, ou par la même personne. Plus les années passent et plus le risque d'un double vainqueur de TI grandit.

Beaucoup de noms viennent à l'esprit quand on pense à un tel exploit. Des prétendants qui continuent notamment d'être très efficaces tout au long des saisons de DPC, comme Puppey ou PPD. Pour Hugo, le plus probable reste Kuroky. En effet, la créativité du capitaine de Team Liquid ne semble pas avoir perdu de sa superbe, et sa rage de vaincre reste toujours aussi présente. 

 

"Je pense que gagner un TI demande un investissement mo-nu-men-tal, ainsi qu'une bonne dose de réussite. C'est très dur de réussir à reproduire ce genre de conditions, d'autant plus qu'une fois que tu as atteint ton but, tu vas avoir tendance à te relâcher. C'est aussi très dur de "ré-apprendre" constamment le jeu et de garder un temps d'avance. Des capitaines comme Puppey ou Kuroky réussissent de mieux en mieux à se renouveler et à garder un très haut niveau de jeu."

 

Cette année, l'équipe de coeur de Hugo pour la compétition phare de Dota ne surprendra personne : TNC. L'équipe a sécurisé sa qualification lors du dernier Major de la saison mais avec un peu de marge. L'ajout récent de Heen en tant que coach n'y est sûrement pas un hasard. Il faut d'ailleurs noter que l'intégralité des équipes qualifiées pour TI9 à travers le DPC ont un coach. Depuis les changements de l'année dernière sur le statut de ces derniers, qui peuvent depuis peu participer aux drafts, il est de plus en plus courant pour une team ambitieuse de recruter un 6ème homme. Selon Hugo, c'est une très bonne nouvelle pour la scène compétitive, même si il reste prudent. Pour lui, un coach n'a pas automatiquement un impact positif sur une équipe. Chez TNC, toutefois, l'arrivée d'un homme très expérimenté et calme pour venir encadrer des joueurs talentueux qu'il faut juste pousser dans la bonne direction semble avoir fait mouche.

 

"Avoir un coach permet d'avoir un avis extérieur et un joueur d'expérience de plus dans l'équipe. Dans l'exemple de TNC, c'est un joueur qui a tout gagné qui vient encadrer des gamins bourrés de talent à qui il manquait un capitaine. Dans d'autres cas, le coach peut avoir beaucoup moins d'impact voir même un impact négatif. Je suis à peu près persuadé que Arszeeq a eu un impact négatif depuis son arrivée chez VP par exemple."

 

Les équipes sont donc plus à même de monter en puissance et de se stabiliser sur la scène compétitive, forte d'un membre avec un avis extérieur et une force de proposition en plus. Même si la plupart des coachs restent d'anciens joueurs, il n'est pas exclu que de nouveaux arrivants se fassent une place à cette position sans avoir de passé compétitif sur Dota. On peut aussi s'attendre dans les prochaines années à l'arrivée des préparateurs mentaux, d'après Hugo. Des équipes comme Mineski profitent déjà de l'expertise de ce genre de professionels, mais la pratique reste très peu répandue sur Dota. Au contraire, l'ancien capitaine de Zero Respect a des doûtes sur l'intérêt de développer des équipes à plus de 5 joueurs (remplaçants etc.). D'autres scènes esportives comme League Of Legends se dôtent déjà de Line Up académies pour former leurs prochains joueurs et avoir la possibilité de remplacer leurs titulaires en cas de problèmes. 

 

"Disons qu'un système qui fonctionnerait avec 10 joueurs au lieu de 5 se baserait sur la compétition et la mise sous pression des joueurs pour qu'ils performent mieux. Je ne pense pas que la mise sous pression des joueurs soit saine. Ensuite, si tu as du mal à déterminer la perf' d'un joueur, les remplacements se font "au feeling" ce qui est malsain pour eux. Peut-être dans 15 ans quand on aura Puppey qui sera entraineur de Secret et qu'il aura un effectif de joueur à faire fonctionner."

 

Dans tous les cas, il reste très dur de prédire comment évoluera la scène professionelle dans les prochaines années. Le débat reste ouvert sur les nouvelles règles à adopter, mais la liste des idées à implanter est très longue (règles de conduite, circuit amateur, remplaçants, coachs mentaux,...). Pour le moment, tous les yeux sont rivés sur The International qui se déroulera courant août à Shangaï. 

 

 

Un grand merci à Hugo, pour le temps incroyable qu'il m'a accordé pour réaliser cette interview.